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Valmanya en Pyrénées Orientales 66

 

 

VILLES et VILLAGES des PYRÉNÉES-ORIENTALES
CONFLENT
VALMANYA
En l’absence de sites mégalithiques connus, on peut supposer l’occupation des lieux comme étant relativement récente.
En 950 dans la bulle papale d’Agapet II (946-955) qui confirme les possessions de l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa, « Valle Manya » (Vallée Grande) est répertoriée avec une forge et une hôtellerie. L’activité du village dont la seigneurie est détenue par l’abbaye jusqu’à Révolution française est liée à l’exploitation artisanale du minerai de fer du Canigó qui est confirmée en 1011 par la citation « Valle Magna ferrara » (Grande Vallée du fer).
« Velmanya » est la nomination francisée que l’on trouve pendant les trois premiers quarts du XXe siècle avant de devenir Valmanya en 1977.
Par le décret du 02 novembre 1789 de l’Assemblée Nationale Constituante (1789-1791) les biens de l’Église catholique sont mis à disposition de la nation pour subvenir à la dette de l’État qui en contrepartie prend en charge les frais de culte, de fonctionnement des hôpitaux et la rémunération des prêtres. Les forges de Valmanya sont acquises par la famille Noël.
En juillet 1821 le médecin et botaniste Toussaint Bastard (1784-1846) réalise un voyage dans le sud de la France avec Oscar-Leclerc Thouin (1798-1848) professeur au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris. Lors de la visite des mines de la Pinosa et des forges de la commune ils sont reçus par Michel Noël qui leur présente le procédé des forges à la catalane pour l’obtention du fer à partir du minerai extrait de plusieurs mines dont la Pinosa et à Corsavy celle de Batère. Celui-ci consiste à rendre friable le minerai en le grillant dans un fourneau en plein-air avant de le pulvériser en une poudre qui est déposée avec une grande quantité de charbon de bois dans une forge. Le fourneau est soufflé, souvent par un violent courant d’air provoqué par une chute d’eau aménagée à cet effet et parfois par un soufflet actionné par la force de l’eau. Le fer fondu se présente sous forme d’une masse incandescente qui est ensuite aplatie par un énorme marteau à bascule (le martinet) actionné par une roue à aubes.
Le village qui se développe depuis le dixième siècle par l’exploitation du minerai de fer du Canigó avec pour complément une agriculture essentiellement liée à l’élevage connait un XXe siècle chaotique.
Si la perte de la Lorraine et de ses mines de fer à la fin de la guerre franco-prussienne (1870-1871) suscite l’intérêt national pour l’exploitation ancienne mais artisanale du minerai de fer du Canigó, l’industrialisation nécessaire de l’exploitation est obligatoirement liée au développement du réseau ferroviaire tel que cela est le cas dans les vallées de la Têt et du Tech. Valmanya entre les deux vallées n’est pas concernée et les mines de la Pinosa cessent l’activité en 1931 tandis que Batère à Corsavy ferme un demi-siècle plus tard en 1987.
Lors des terribles précipitations départementales de 1940 popularisées par l’appellation « L’Aiguat » pendant lesquelles Saint-Laurent-de-Cerdans a le triste record national de pluie de 1000 mm (1,00 m) en 24 h pendant la seule journée du 17 octobre, Valmanya perd plusieurs maisons emportées et de nombreux vergers et exploitations agricoles.
Pendant la Seconde Guerre mondiale les mines de la Pinosa sont le quartier général du réseau de résistance intérieure des Francs-Tireurs et Partisans Français (F.T.P.F.) nommé du nom du journaliste, écrivain et directeur littéraire du journal communiste « l’Humanité » Henri Barbusse (1873-1935). Une opération est conduite par les résistants à Prades le 28 juillet 1944 au cours de laquelle des collaborateurs français auprès de l’occupant allemand sont abattus. En représailles le 1er août les troupes allemandes assistées de la milice française envahissent Valmanya vidée de sa population sauf cinq personnes abattues sur place pendant que le village est incendié.
« Gallia » est le nom donné en 1943 à une mission de réunification des services de renseignement militaire en zone sud du territoire français qui par extension est devenu le nom d’un réseau dont fait partie le groupe « Sainte-Jeanne » créé par Abdon Robert Casso (2012-2002) qui est né à la mine de la Pinosa où travaillent ses parents. Formé à l’École Nationale Supérieur des Mines d’Alès (Gard) il est ingénieur à 33 ans et commence une carrière militaire dans le génie pendant laquelle il participe à la réalisation de plusieurs dizaines d’ouvrages de fortification de la ligne Maginot dont l’un en Moselle porte son nom. Prisonnier en juillet 1940, il s’évade et gagne Valmanya où avec son père il crée le réseau « Sainte-Jeanne » spécialisé dans le renseignement militaire et le passage de la frontière. René Horte les rejoint. En août 1943 son père est arrêté et déporté au camp de concentration de Buchenwald dont il sera libéré en mai 1945 par les troupes américaines qu’Abdon Robert a rejoint. À la libération il continue sa carrière militaire au Tonkin (1950-1954) en France au Ministère des Armées puis en Algérie (1961-1962). Promu colonel il lui est confié le commandement du régiment des Sapeurs-pompiers de Paris (1963-1970).
René Horte (1908-1987) est instituteur à Valmanya. Il est mobilisé à la déclaration de guerre en 1939. Démobilisé pendant l’occupation allemande il rejoint Abdon Robert Casso dans le réseau « Sainte-Jeanne » jusqu’à son démantèlement en 1943. Louise son épouse est arrêtée et déportée à Ravensbrück en Allemagne. En fuite et suspendu par l’inspection académique, il entreprend une action de guérilla avant de se rapprocher du marquis « Henri Barbusse » et de Julien Panchot. En 1945 son épouse revient de déportation, tandis qu’il est réintégré dans l’Éducation Nationale.
Julien Panchot (1901-1944) est un militant communiste qui rejoint les Républicains espagnols en lutte contre les Nationalistes pendant la guerre civile. Capturé avec son frère ainé Barthélémy, il est incarcéré en Espagne en 1937. Libéré en 1939 il rejoint les Francs-Tireurs et Partisans Français (F.T.P.F.) du maquis « Henri Barbusse » aux mines de la Pinosa. En représailles d’une opération des résistants à Prades le 28 juillet 1944 et dans le cadre d’une stratégie générale de neutralisation du maquis du sud de la France les troupes allemandes et la milice française envahissent Valmanya le 1er août qu’ils incendient après avoir abattu les rares habitants qui n’avaient pas pris la fuite. Julien Panchot est blessé pendant le repli des maquisards, arrêté, torturé et exécuté.
Avant la fermeture des mines en 1931 la population est au plus haut de 1806 à 1921 entre 306 habitants (1896) et 422 (1911). Elle chute sous le seuil de 100 habitants après les dures épreuves endurées par le village en 1944 pour ne présenter plus que 44 habitants en 1946 et 34 en 2021.
Le décret du Conseil des ministres du 26 septembre 2022 prononce la dissolution du conseil municipal élu le 15 mars dont le maire est mis en minorité par cinq de ses six conseillers municipaux et refuse de démissionner entravant le fonctionnement de la commune dont aucune délibération n’a pu être adoptée depuis le 1er janvier 2021.
Trois Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (Z.N.I.E.F.F) sont répertoriées sur la commune.
- Le « Massif des Aspres » couvre 37 communes pour une superficie totale de 28 818.53 ha.
- La « Vallée de la Lentilla » sur deux communes et 2 850.89 ha s’étend sur l’ensemble du bassin supérieur de la Lentilla qui est un affluent de la Têt et pénètre au cœur de massif du Canigou atteignant les crêtes sommitales à l’ouest à plus de 2 700 m d’altitude.
- Le « Le massif du Canigou » pour 19 262.5 ha et 19 communes.
Par l’arrêté de création du 25 mars 2011 « Le massif du Canigou » est référencie NATURA 2 000 en zone spéciale de conservation. Situé sur 11 746 ha du flanc nord du massif et douze communes, le site qui présente de nombreuses espèces endémiques pyrénéennes et une variété importante d’habitat naturel, inclut et les deux réserves naturelles de Py et Mantet.
Ce village situé dans le cadre grandiose du mythique massif du Canigó a prospéré lentement et surement pendant des siècles avant de connaitre trois années fatidiques en 13 ans, 1931 fermeture des mines qui en sont le poumon économique, 1940 avec le déchainement de la nature sous forme de pluies diluviennes et 1944 avec les horreurs du Nazisme.
Prochaine parution : VERNET-LES-BAINS

 

 

 

 

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